vendredi 8 février 2008

Moi et mes voisins

Je déteste mes voisins.

Non vraiment. Ce n’est pas une figure de style. Je les déteste.

Ils sont bruyants. Du genre qui fait du bruit.

Vraiment. Du bruit ou plutôt des bruits, j’en ai toute une panoplie.

J’ai les classiques portes qui claquent. Et qui font trembler mes murs en carton-pâte.

J’ai des hurlements de hyène, des sons gutturaux d’un voisin qui rigole comme une baleine, d’un gros rire bien gras, plein de cholestérol, en plein milieu de la nuit. Le jour, ce doit être un triste sire, un membre de la famille Addams qui rumine sa mélancolie. La nuit, il se lâche. Il rit du rire de Melmoth. C’est infernal. (Pour les incultes : Melmoth est un riche bourgeois qui dans le roman de Mathurin, passe un pacte avec le Diable en échange d’immenses pouvoirs et d’une vie éternelle.)

Et moi, j’ai des cernes.

J’ai des hurlements de cochonne qu’on égorge. Ca, c’est ma voisine qui prend son pied en poussant des cris de bête sauvage. Elle crie, elle hurle, elle se déchaîne. J’ai l’impression parfois de vivre à côté d’un studio où l’on tourne des films X. Elle le fait en pleine nuit bien sûr. Sinon c’est pas drôle.

Et moi j’ai des cernes.


Les Bronzés Font Du Ski - Le Refuge
envoyé par Films-Comiques

J’ai un voisin insomniaque. Du genre je t’allume la télé tous les jours à deux heures du matin. Pile. Pas avant, ni après. Et au choix, il regarde des films de Bollywood aux chants et à la musique énervante (surtout à 2h du mat’) ou des séries policières avec bruit de sirène, coups de feux, pneus qui crissent et musique dramatique. L’enfer. D’autant plus que sa télé doit être placée juste à côté de la tête de mon lit, de l’autre côté du mur en carton-pâte. D’autant plus qu’il ne comprend pas le code subtil du je tape trois petits coups au mur et toi tu baisses le son de ta TV. Non. Le salaud au contraire l’augmente. Et comme j’ai peur de faire un trou dans mon mur en papier-mâché si je tape trop fort et de me faire éjecter de la résidence si je lui éclate sa sale petite gueule de fouine, je mets des boules Quiès.

Et j’ai des cernes.

Les boules Quiès, c’est parfait pour étouffer les bruits de TV. Nul pour les portes qui claquent, la fumée de cigarette qui entre par mes fenêtres et ça ne protège pas de la chute d’objets.

Car j’ai au-dessus de moi, une voisine (un voisin ?) qui a la délicatesse du pas d’un troupeau d’éléphants qui chargent. Et une fois le boum boum boum était si fort qu’un cache en plastique du néon de la cuisine est tombé. Véridique !

Je suis passée à côté de l’hématome.

La plupart de mes voisins sont des petits jeunes de 18-19 ans. Qui profitent d’être loin de Papa-Maman pour tester leur résistance à l’alcool et tous les pubs du quartier. Et qui rentrent complètement bourrés à 3 h du matin, en beuglant dans des langues estrangères, inconnues de mes services. Ce n’est pas que j’ai quelque chose contre eux, mais je sais pour sûr que la majorité écrasante de ces ivrognes occasionnels est d’origine asiatique. Après Chinois, Japonais ou Coréen, je n’arrive pas à faire la différence. Mais je casse du coup le mythe de l’Asiatique silencieux.

Et j’ai des cernes.

En journée, le seul bruit que j’entends est celui d’une porte qui claque de temps en temps. La nuit, tous se réveillent et jouent à celui qui émettra le plus fort nombre de décibels.

Je ne peux même pas vraiment me plaindre ou accuser qui que ce soit ou taper au plafond. Parce que je ne sais pas d’où proviennent exactement les bruits. Il n’y a que deux studios individuels par étage et ils sont très éloignés l’un de l’autre. Tout le reste n’est que des collocations de cinq, six ou sept étudiants. Et je n’arrive donc pas à déterminer qui sont les coupables. Je ne peux que me demander s’il n’y a que moi que ces bruits dérangent et qui ait des cernes.

Et puis je me prends à rêver qu’un jour, je pourrais vivre sur une île déserte. Calme, sans bruit. Le bonheur. Mais je n’ai qu’une crainte : qu’une horde de touristes et d’entrepreneurs découvrent mon coin de paradis et viennent y faire du bruit. Et me coller des cernes.

Y a pas à dire, je déteste mes voisins.

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